L’Atelier Immédiat a vu le jour en 2007 à Paris, dans le sillage de l’action des Enfants de Don Quichotte. Il a rassemblé concepteurs et constructeurs d’espaces déterminés à intervenir auprès des sans-abri et mal-logés affrontant au quotidien l'inhospitalité de nos espaces urbains. Par l'expérimentation et la réflexion, fragiles par définition, il s'est donné pour ambition de concevoir des réponses avec et pour ceux qui, malgré tout, cherchent refuge ici-même. Parce qu'il nous faut rompre avec toutes les positions militantes, politiques, ou professionnelles, qui interdisent d'agir et de penser à nouveaux frais. Parce qu'il nous faut rompre avec le mythe de la solution de logement, définitive et globale, rêve et cauchemar tout autant. Parce qu'il nous faut rompre avec les visions, infiltrées dans tous les partis, qui président au développement d'un urbanisme massif, héroïque et mortifère tout autant.

Parce qu'il nous faut inventer d'autres manières d'expérimenter tous azimuts, d'agir sans relâche, de construire pour et avec les personnes désarmées, mais jamais démunies de tout. Parce qu'il nous faut mobiliser autrement le droit, l'économie, le "social", et composer d'autres horizons de pensée et d'action. Parce qu'il nous faut imaginer des réponses souples, transitoires, évolutives, en devenir et remarquables, et faire ainsi face aux questions diverses, complexes, singulières, et urgentes qui nous sont posées, ici et maintenant. Parce qu'il nous faut trouver le chemin des "villes invisibles" pour toujours davantage leur "faire de la place", comme nous y invite Italo Calvino :

L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place.

Italo Calvino, Les villes invisibles.






lundi 5 mars 2012

Anti-sites, Para-sites



Quartier des Batignolles, Paris 17e

Mickael Rakowitz, paraSITES, depuis 1998

Mickael Rakowitz, paraSITES, depuis 1998

Mickael Rakowitz, paraSITES, depuis 1998

Mickael Rakowitz, paraSITES, depuis 1998


Depuis 1998, l'artiste américain Mickael Rakowitz distille ses paraSITES dans les rues de New-York, Baltimore, Chicago, ou Berlin. Les vendant 5$ l'unité, il défend le plus modestement du monde l'art du parasitage de l'environnement pour les besoins les plus élémentaires de ceux qui l'endurent. Renversant comme un gant l'art non moins judicieux des pouvoirs publics de rendre impraticables les plaques de refoulement d'air chaud (voir quelques cas exemplaires non loin du square des Batignolles à Paris, où Gare de Lyon plus bas), il s'agit de se fixer sur les points chauds de la ville pour alimenter ainsi des modules à mi-chemin entre la tente et le sac de couchage. A l'occasion de quelques procès, Rakowitz a réussi à prouver qu'il ne s'agissait pas là de formes d'habitats mobiles, mais plutôt de formes étendues de vêtements d'hiver.  Quelques enseignements précieux : parasiter l'espace en tirant profit des moindres de ses avantages ; s'armer du droit, et ruser plus que de raison avec celui-ci. 

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