L’Atelier Immédiat a vu le jour en 2007 à Paris, dans le sillage de l’action des Enfants de Don Quichotte. Il a rassemblé concepteurs et constructeurs d’espaces déterminés à intervenir auprès des sans-abri et mal-logés affrontant au quotidien l'inhospitalité de nos espaces urbains. Par l'expérimentation et la réflexion, fragiles par définition, il s'est donné pour ambition de concevoir des réponses avec et pour ceux qui, malgré tout, cherchent refuge ici-même. Parce qu'il nous faut rompre avec toutes les positions militantes, politiques, ou professionnelles, qui interdisent d'agir et de penser à nouveaux frais. Parce qu'il nous faut rompre avec le mythe de la solution de logement, définitive et globale, rêve et cauchemar tout autant. Parce qu'il nous faut rompre avec les visions, infiltrées dans tous les partis, qui président au développement d'un urbanisme massif, héroïque et mortifère tout autant.

Parce qu'il nous faut inventer d'autres manières d'expérimenter tous azimuts, d'agir sans relâche, de construire pour et avec les personnes désarmées, mais jamais démunies de tout. Parce qu'il nous faut mobiliser autrement le droit, l'économie, le "social", et composer d'autres horizons de pensée et d'action. Parce qu'il nous faut imaginer des réponses souples, transitoires, évolutives, en devenir et remarquables, et faire ainsi face aux questions diverses, complexes, singulières, et urgentes qui nous sont posées, ici et maintenant. Parce qu'il nous faut trouver le chemin des "villes invisibles" pour toujours davantage leur "faire de la place", comme nous y invite Italo Calvino :

L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place.

Italo Calvino, Les villes invisibles.






dimanche 11 mars 2012

Suivre le regard et le geste de Stalker


Dans un souterrain à Paris Bercy, en 2011, à quelques mètres
du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. 


"La tentative de définition et de contrôle de tout le territoire, depuis toujours mirage de notre culture occidentale, au moment même où elle semblait pouvoir de réaliser, entre en déliquescence. Les premières fissures se sont ouvertes dans les grandes villes, au coeur de notre système. Le bois qui autrefois enserrait villes et villages, où naissaient les loups et les ours, mais aussi les cauchemars, les fables et l'idée même de liberté, a été repoussé au loin des villes, mis dans un coin, délimité et même protégé par un acte de clémence. Mais voilà que ce bois réapparaît, là précisément où, dans les villes, les systèmes d'appropriation et de contrôle du territoire sont les plus vieux et les plus délabrés. Comme il est impossible de tout contrôler, le ciment, dont la terre a été recouverte, éclate ; la terre émerge sous des formes nouvelles, imprévisibles, et s'apprête à disputer à l'homme la domination de l'espace, à partir des rebuts humains". 


Laboratoire urbain Stalker, Extrait du Manifeste, 1996. 

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