L’Atelier Immédiat a vu le jour en 2007 à Paris, dans le sillage de l’action des Enfants de Don Quichotte. Il a rassemblé concepteurs et constructeurs d’espaces déterminés à intervenir auprès des sans-abri et mal-logés affrontant au quotidien l'inhospitalité de nos espaces urbains. Par l'expérimentation et la réflexion, fragiles par définition, il s'est donné pour ambition de concevoir des réponses avec et pour ceux qui, malgré tout, cherchent refuge ici-même. Parce qu'il nous faut rompre avec toutes les positions militantes, politiques, ou professionnelles, qui interdisent d'agir et de penser à nouveaux frais. Parce qu'il nous faut rompre avec le mythe de la solution de logement, définitive et globale, rêve et cauchemar tout autant. Parce qu'il nous faut rompre avec les visions, infiltrées dans tous les partis, qui président au développement d'un urbanisme massif, héroïque et mortifère tout autant.

Parce qu'il nous faut inventer d'autres manières d'expérimenter tous azimuts, d'agir sans relâche, de construire pour et avec les personnes désarmées, mais jamais démunies de tout. Parce qu'il nous faut mobiliser autrement le droit, l'économie, le "social", et composer d'autres horizons de pensée et d'action. Parce qu'il nous faut imaginer des réponses souples, transitoires, évolutives, en devenir et remarquables, et faire ainsi face aux questions diverses, complexes, singulières, et urgentes qui nous sont posées, ici et maintenant. Parce qu'il nous faut trouver le chemin des "villes invisibles" pour toujours davantage leur "faire de la place", comme nous y invite Italo Calvino :

L'enfer des vivants n'est pas chose à venir ; s'il y en a un, c'est celui qui est déjà là, l'enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d'être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l'enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l'enfer, n'est pas l'enfer, et le faire durer, et lui faire de la place.

Italo Calvino, Les villes invisibles.






dimanche 30 août 2009

Situation 6



Rue de Lyon, 75012 Paris, 20 août 2009.
Ici, depuis des mois, vivaient plusieurs sans-abri. L'espace accueillait deux tentes, une petite table, quelques chaises. Ces quelques personnes sont parties passer l'été dans le bois de Vincennes, comme beaucoup de sans-abri de Paris, laissant temporairement l'espace vacant. On a pu alors y placer quelques éléments de mobilier.

Situation 5




Rue Jules César, 75012, 20 juin 2009
Sur le pallier d'Objectif Bastille, magasin de matériel photo, dormait un homme depuis quelques mois. Un anglais manifestement.

Situation 4









Boulevard de la Bastille, 75012 Paris, 25 janvier 2008
Début janvier, une barrière est apparue qui mettait à distance une petite superficie abritée du vent sur laquelle dormait Jimmy. La barrière ne sert qu'à condamner cet espace qui jouxte le hall d'entrée d'une société d'assurance.

Situation 3





Canal Saint-Martin, 17 juin 2007
Une fois le canal débarrassé des tentes des Enfants de Don Quichotte, la Mairie de Paris a placé deux vigiles qui, se relayant nuit et jour, étaient chargés de veiller à ce que les tentes ne se réinstallent pas. Le dispositif est demeuré environ deux mois.

Situation 2





Canal Saint-Martin, 17 juin 2007.
En marge de l'action des Enfants de Don Quichotte, des regroupements de tentes s'étaient développés plus haut sur le canal. Sur cette petite plage se trouvait un rassemblement de tentes de roumains. La Mairie, décrétant combien "capitale" est la nature, a décidé d'aménager ici un "aménagement végétalisé".

Situation 1





Canal Saint-Martin, 17 juin 2007.
Tout en haut du Canal, face au Point Ephémère, de nombreuses tentes constituaient une sorte de village. Celles-ci furent évacuées en même temps que les tentes des Enfants de Don Quichotte. La Mairie a déversé là d'improbables plots de béton.